"[...] c'est le groupe. Le sentiment du nombre qui amalgame les pensées individuelles en une pensée unique. L'émulation qui s'ensuit - le bien être d'un bain de foule quand la pensée de masse nous porte sur sa houle et nous dispense de nous justifier personnellement. La jubilation collective, grisante, d'être du côté du bien contre le mal. Les ailes que nous donne le militantisme idiot qui ne vérifie ni ses sources ni la pertinence de son combat, et ne trouve sa véritable raison d'être que dans la satisfaction adolescente de s'agglutiner pour se sentir inatteignables. [...] Or, il n'y a pas de liberté dans la masse, car il n'y a pas de parole. Seulement des discours, comme des garnisons chargées de refouler l'ennemi qui brandit sa parole pour conquérir une liberté [...]. Ce corps étranger menace une cohésion qui n'a rien à voir avec l'amour et qui fait son miel de toute peur.(1)"
"L'Autre Dieu" Marion Muller-Colard
(1) j'ajouterai de façon très actuelle : "et de toute colère ..."